Ah, être Harvey 5 minutes (quelque part dans Macaron 5)
[...]
Il n'était pas du genre violent.
Il était encore moins du genre violeur. Comme tout looser qui se respecte.
Il était du genre à passer toute une vie à ne pas savoir exprimer ses émotions devant une femme. Toute une vie passée, sous couvert de réserve, de dignité, de bienséance, de retenue, de courtoisie, de pudeur (autant de produits dérivés de l'obsession sexuelle), à regarder en biais, à se torver l’œil au point que son visage en avait été déformé peu à peu. Le nez s'était allongé vers le bas, les ridules s'étaient marquées au coin des paupières, la prognathie du menton s'était accentuée, les vertèbres cervicales grinçaient d'un bruissement sablonneux.
Du silence, et des regards en biais.
Pas de main qui frôle, de bouche qui suggère, de paroles qui séduisent.
Pas de bras qui s'allonge derrière une épaule, au sommet du canapé. Pas de jambes décroisées, pas de pied égaré sous la table. Pas de cuisse en ligne de mire directe. Pas de sifflets flatteurs.
Aucun risque d'être un jour accusé de harcèlement sexuel, et c'était bien dommage pour lui.
Paralysé par la peur d'une gifle ou même simplement d'un regard noir, voire pire: d'un regard moqueur, il avait pris l'habitude d'enterrer ses désirs au plus profond lui-même, de les recouvrir d'une épaisse couche de boue opaque, et s'était composé des visages de simplicité, de naturel, de type du genre pas intéressé pour de vrai. Le genre l'air de rien. Le genre bof, bof, tout ça n'est pas grave. Le genre mais au fait, de quoi parle-t-on. S'il y avait eu un film intitulé "Larry Pépère à l'Ecole des Frustrés", il aurait à coup sûr joué le professeur de contrôle du regard.
Il était devenu du genre voyeur.
[...]
Seules deux femmes avaient su percer ces armures idiotes et s'étaient affranchies des codes standard, s'étaient amusées de cette timidité maladive qu'elles tenaient sincèrement pour de la pudeur - ce qui séduisait leur frigidité.
Estelle était la première. Un anneau d'or du souvenir dormait désormais bien gentiment dans la table de chevet de Macaron. Dans le quotidien conjugal, Macaron avait rapidement tombé les masques et ce gros malentendu avait fini par assécher totalement le fleuve d'amour de leurs débuts.
Inès, séduite par cette allure de rien, cet air embroussaillé, serait la seconde. Il suffit que quelqu'un ait pitié d'une âme pour que le corps qui l'héberge rayonne soudain d'une beauté nouvelle. Et Macaron, en dépit de toutes ses préventions, de toutes ses craintes, de toute l'incongruité de cette fascination qu'il exerçait sur la jeune femme, avait fini par céder et se sentait, effectivement, à nouveau, rayonner.
[...]
Il n'était pas du genre violent.
Il était encore moins du genre violeur. Comme tout looser qui se respecte.
Il était du genre à passer toute une vie à ne pas savoir exprimer ses émotions devant une femme. Toute une vie passée, sous couvert de réserve, de dignité, de bienséance, de retenue, de courtoisie, de pudeur (autant de produits dérivés de l'obsession sexuelle), à regarder en biais, à se torver l’œil au point que son visage en avait été déformé peu à peu. Le nez s'était allongé vers le bas, les ridules s'étaient marquées au coin des paupières, la prognathie du menton s'était accentuée, les vertèbres cervicales grinçaient d'un bruissement sablonneux.
Du silence, et des regards en biais.
Pas de main qui frôle, de bouche qui suggère, de paroles qui séduisent.
Pas de bras qui s'allonge derrière une épaule, au sommet du canapé. Pas de jambes décroisées, pas de pied égaré sous la table. Pas de cuisse en ligne de mire directe. Pas de sifflets flatteurs.
Aucun risque d'être un jour accusé de harcèlement sexuel, et c'était bien dommage pour lui.
Paralysé par la peur d'une gifle ou même simplement d'un regard noir, voire pire: d'un regard moqueur, il avait pris l'habitude d'enterrer ses désirs au plus profond lui-même, de les recouvrir d'une épaisse couche de boue opaque, et s'était composé des visages de simplicité, de naturel, de type du genre pas intéressé pour de vrai. Le genre l'air de rien. Le genre bof, bof, tout ça n'est pas grave. Le genre mais au fait, de quoi parle-t-on. S'il y avait eu un film intitulé "Larry Pépère à l'Ecole des Frustrés", il aurait à coup sûr joué le professeur de contrôle du regard.
Il était devenu du genre voyeur.
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Seules deux femmes avaient su percer ces armures idiotes et s'étaient affranchies des codes standard, s'étaient amusées de cette timidité maladive qu'elles tenaient sincèrement pour de la pudeur - ce qui séduisait leur frigidité.
Estelle était la première. Un anneau d'or du souvenir dormait désormais bien gentiment dans la table de chevet de Macaron. Dans le quotidien conjugal, Macaron avait rapidement tombé les masques et ce gros malentendu avait fini par assécher totalement le fleuve d'amour de leurs débuts.
Inès, séduite par cette allure de rien, cet air embroussaillé, serait la seconde. Il suffit que quelqu'un ait pitié d'une âme pour que le corps qui l'héberge rayonne soudain d'une beauté nouvelle. Et Macaron, en dépit de toutes ses préventions, de toutes ses craintes, de toute l'incongruité de cette fascination qu'il exerçait sur la jeune femme, avait fini par céder et se sentait, effectivement, à nouveau, rayonner.
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