Quelque part dans Macaron (juillet 2018)
Il faisait un très beau rêve
d’amour, un véritable adolescent, c’était le perpétuel feu d’artifice là-haut, La
Valse à Mille Temps, Jasseron, Pure Morning… Macaron faisait ce rêve presque éveillé,
un peu comme dans le sommeil de
l’aube.
Préoccupée par d’autres sujets plus
tristes de l’existence, elle se contentait de le laisser dormir, sans le
regarder vraiment, sans regarder son torse puissant aller et venir lentement au
gré de sa respiration de basse fréquence, sans risquer quelques caresses des
doigts dans sa poitrine velue. Sans le
vouloir vraiment, sans se dire :
« Quel beau mec, quel bon mec,
dire que c’est le mien ! ».
Elle le laissait rêver et vivre
cette histoire seul, tout en étant – et en le sachant - l’un des deux
personnages principaux de l’histoire.
Elle le laissait dormir, ce qui était déjà
très chic de sa part, parce que cela signifiait qu’elle ne disait pas non au
beau rêve et qu’elle était en cela, forcément, sa meilleure amie.
Il lui adressa une petite
pensée faite de pousses de haie de Brigitte, qui, luisant au soleil, se
détachaient en rameaux asymétriques sur le ciel parfaitement bleu et lumineux
de ce mois d’août en Finistère.
Il était allongé à l’ombre de la
maison, à côté de la chambre bleue, il faisait trèèès tiède. Le bassin enveloppé dans une serviette, la
peau foncée par le soleil, il portait son collier népalais de zénitude –
l’étoile de l’oménipadméhom.
Les meilleures preuves qu’il rêvait
étaient le silence irréel qui baignait dans le chant des feuilles du figuier,
la plénitude joyeuse du ciel estival, la danse des rideaux bleus de sa chambre
dans la bise marine. Dans son rêve, elle
était assise là, à côté de lui, lisant quelque bon bouquin de développement
personnel, et lui lisait des passages qu’il critiquait, ou qu’ils commentaient
tous les deux. Les oiseaux planaient par
plaisir. Elle ne portait, en dehors de
ses bagues et de son collier de lapis-lazuli, qu’une chaînette de cheville en
or et un tanga de bikini bleu. Ses
cheveux attachés en un rapide chignon, les cuisses reluisantes au soleil, les
seins généreux, les pieds drôles et danseurs, elle riait avec franchise, souriait,
fumait avec lui, et se donnait quand le temps était venu.
Macaron lui écrivait régulièrement
des poèmes, certains sages, certains polissons, certains carrément
pornographiques. Elle le laissait faire
sans réagir et lisait ces poèmes d’un air amusé ou blasé, cela dépendait de son
humeur. Elle commença néanmoins à
comprendre, malgré toute cette littérature, que Macaron éprouvait de véritables
sentiments pour elle, et que le tournant avait été ce fameux rendez-vous éclair
du mois de mai dont elle avait presque tout oublié.
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