L'équinoxiale
20h57. Putain, il faut monter faire un bisou aux kids.
Il faut y aller, putain, plus le temps d'embellir.
19h29, le cri d'Estelle retentit: "on maaange!"
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18h15, deuxième joint.
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16h26.
Macaron écrivait à Inès:
"L'amitié, affaire de bite!", m'a récemment dit une amie à moi.
Peut-être...
Certainement!
Plus jeunes, oui, et d'autant plus à présent qu'il y a toujours cette fameuse partouze dont tout le monde rigole depuis 25 ans et qui n'arrive pas. Qui n'arrivera pas? On s'en fout un peu...
Mais est-ce que ce serait drôle, sans les écrans
des robes et des t-shirts bodybuildés, sans le confort des petites chaussures genre sport, sans les attraits des parfums, sur une terrasse somptueuse, en cette belle soirée d'équinoxe? Juste la chaleur, et l'odeur de la sueur des pores et des poils, entre tous nos corps abîmés, nos peaux
meurtries, nos membres cabossés, notre carrosserie qui en a vu d'autres
et des pas mûres, déjà, il serait drôle, ce spectacle-là?
Il faudrait des gros plans sur les moteurs, toujours fringants à l'intérieur!
Bref, cette addition - cet embouteillage? réfléchissons... est-ce que ça bouchonne? Est-ce que ça sent le vin bouchonné, ou est-ce que ça sent le vin mûri en belle cave? non, peut-être pas en fait, peut-être que c'est fluide, sans doute, c'est très probable... Peut-être que ça sent une autoroute vers le Paradis - de voitures de belle classe...
Un peu comme la voiture de la patrouille "Zébra 3"!!
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Il va falloir que je commence à songer que je travaille demain et pour l'instant je suis dans un état proche de la Californie.
Je ne m'étendrai pas davantage.
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Parce que ça y est, je veux dire: c'est bon, on y est, on est repartis!
On fait des teufs, encore, de plus belle, et chacun son tour, dans la joie, dans la tristesse, dans la timidité, dans la séduction, dans le mutisme ou dans l'euphorie, dans l'expansion ou dans la discrétion, peu importe, fraternité!
Fini le COVID! Bientôt fertig. Nada, zéro, il n'en reste pratiquement plus rien. On a appris à jardiner. On a (ré-?)appris que les autres c'était important. Chacun, chacune de nous, heureux, heureuse d'avoir les yeux grand ouverts et des sourcils souriants, des prunelles multicolores et la rétine qui pétille. Chacun, chacune de nous regarde, écoute, parle, boit, renifle, touche...
On se touche, on se côtoie, on se respire, comme une famille. Dommage, il manque nos enfants. Heureusement que Tistou les pouces bleus est là au début.
On se partage les secrets. On se dit des taquineries. On se provoque, on se teste, mais on ne se jauge plus. L'autre est un miroir bienveillant. Ça sent les introspections multiples ici. On est à l'ère du psy numérique. Ça sent les gens qui ont appris à s'accepter, qui se donnent et qui se prennent, plutôt que de se vendre et de s'acheter. La médecine et les affaires de santé prennent une part doucement, discrètement mais régulièrement plus croissante. On avance inexorablement vers la sortie et on le sait désormais...
Alors on profite, et ça sent toujours autant les obsédés :-p Nan, je veux dire, sérieusement, qwaaaa! Ce que je veux dire, c'est que ça sent l'Eros à peu près autant que le Thanatos. La maturité, l'équilibre, la balance de l'âge. Les fruits sont mûrs. Les fruits sont bons à consommer.
On est quelque part suspendus dans l'air. Samedi soir sur la Terre.
Moi je dis: amitié, saveur de Dieu."
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Le facteur jaune sur son vélo breton mit juste trois jours à apporter la réponse, par cette lettre de cinq mots, méticuleusement et d'une belle langue rose humide, scellée sous pli cacheté :
"TA GUEULE, EH, JESUS- CHRIST!"
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Macaron répliqua, et ce fut la dernière lettre de cette correspondance d'été avant leurs retrouvailles: "Si Jésus crie, alors il ferme pas sa gueule ;-) ".
Leur amour naissant coûtait cher en timbres.
Informé de cette anecdote, Jouvan s'était écrié d'une voix autoritaire et en plateau: "ExcelleeeEEEnt!"
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Et puis Jouvan partit se coucher. Mais l'on dansa tout de même, et l'on causa, et l'on se pardonna des choses, des blessures anciennes, ou bien, a minima, on demanda pardon et l'on verrait bien.
Et l'on s'avoua de très sérieuses addictions à tout plein de trucs différents selon les gens et qui se complétaient en un énorme puzzle de personnalités uniques. Moi l'herbe, elle, le Ricard, lui et elle: l'amour, elle: l'amour, eux: la campagne, lui: le boulot, eux et elles: le jardinage..., lui: la course... Lui: la fraternité. Elle: la liberté et l'égalité. Lui: la laïcité et la philosophie. Elle: les fleurs, les chiens, des trucs de Reine d'Angleterre, et pourquoi pas? Lui, les jeux. Elle, les pieux...
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La belle humanité, bande de cons!
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