Brouillon du discours de fin d'année

"Bien, mesdames et messieurs, chers collègues,

Vous pouvez préparer vos coupes.

Voici venu le temps du discours de fin d’année.  Je me revois parmi vous, tout bronzé comme vous, à la veille de la rentrée, fin août 2019.  Je vivais de grandes histoires d'amour, je prenais mes fonctions et découvrais une véritable petite famille...  avec ses petites filles modèles, sa grand mère dragonne, ses elfes des bois, ses archers franc-tireurs... Tempus fugit.  Nous étions tous bronzés cette fois là, il n'y avait pas, d'un côté, la bande rigolote des gens qui protestent avoir bossé pendant le confinement, ahahaha, vos masques bronzés et reluisants vous trahissent - bande de nazes, et de l'autre côté l'équipe de direction élargie, fatiguée, pâle comme un cul... fantômatique et masquée (elle aussi mais d'une autre façon), hagarde, qui se lave les mains après chaque poignée de porte, qui regarde dans le vide lointain, les épaules rabaissées par la masse herculéenne de charge mentale accumulée, et qui arbore "Intérim à Gremillon - j'étais encore en poste en juillet 2020 " en lettres de sang sur un TShirt noir.

Haut les Coupes!

A cette année scolaire de merde, à cette voie ferrée qui n'en finit pas de s'allonger à mesure que la locomotive du Transperceneige passe... 

A ces parapluies ouverts à tous les étages

A ces applaudissements hypocrites des bobos des balcons

Aux lâchetés, aux tyrannies!

Haut les Coupes!

Aux apéros par wifi

Aux amitiés enrichies, aux promesses perdues

Aux enfants partagés entre console et télé

Aux devoirs des gamins sur Pronote et sur l'E.N.T! 

Aux jardins entretenus, dehors comme en privé

Au ciel du mois de mai, enchanteur et vibrant,

Haut les Coupes! "

 

Prout!

On n'est pas dans un roman, arrêtez le délire.

Alors j'ai improvisé.  Et c'était très bien comme ça.

Sous leurs applaudissements, derrière nos masques.