Vieilles carrières (2)
Le militaire
Le fonctionnaire
Le condottiere
...
La barrière en PVC, de bon matin, agite ses vantaux ouverts.
C'est calme à gauche, à droite, comme un dernier dimanche de juin.
On entend des voix, au loin,
Trois hommes complètement crevés,
D'alcool, Noyés...
Des vapeurs d'un bon chanvre, le visage tout vert.
"C'est bien calme, quand même..."
Même le vieux mur semble vouloir dormir par terre
Des herbes folles ont repoussé entre les interstices des pierres
Trois pères, une fois leurs courses faites, ne passeront pas par là
Mais ramèneront directement quarante croissants pour la smala
On n'entendra personne se dire "je t'aime"..
On n'entendra personne se dire "je t'aime"..
"Je sais, monsieur Le Mur", dit-elle vibrant dans le vent,
"Ce que nous pourrions faire pour accueillir l'amour!
Il faut les faire venir jusqu'ici sans détour:
Il faut une bonne raison pour que viennent les câlins...
Sur vos briques austères et votre corps ancien,
Il faut qu'un grand poète s'installe ici longtemps!"
"- Mais vous n'y pensez pas!" dit le mur, courroucé,
Herbe levée au ciel comme des poils de caniche,
"Quel poète assez con pour se soucier de cette friche
Voudrait acheter ma peau toute couverte de lierre?"
"- Il y gagne la vue sur cette jolie rivière
Qui serpente ici-bas!", dit la blanche barrière, enjouée.
"Il y gagne le calme, les étés, et la paix!
Il y gagne une famille, des amis, des voisins
Il y gagne sa vie, il y gagne son pain
Ses croissants... ses diamants... ses bonheurs!"
"- Admettons pourquoi pas, soyons de bonne humeur..."
Dit le Mur. "Mais qu'il s'installe vite. Il faut me chatouiller !"
...
Le boulanger
Le cuisinier
Le jardinier
...
Agneaux, juillet 2020
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