Radio LDM et mon nouveau personnage de jeu (septembre 2022)


 

 

 

Le matin du 3ème jour de l’automne, à proximité du village sylvestre de Laurell, province d’Azilian, royaume des Deux Lacs.

Le jeune elfe Ralf, 12 ans, fils d’Eärdil le Forestier et de Tifenn Belle Voix, a pris l’habitude, depuis quelque temps, de chasser ou de fureter seul dans les bois environnants, en communion avec la nature.  Depuis qu’il est tout jeune, son père a passé de nombreuses heures à lui enseigner l’art du pistage, la patience et la furtivité, le maniement de l’arc et des couteaux, et il est déjà un jeune chasseur émérite pour son âge. Ils ont aussi appris les chants secrets, ceux qui rendent les écorces vivaces et les narines, la peau, les yeux et les oreilles alertes aux vibrations du Monde. Chaque bond de rocher en rocher, chaque halte près du tronc imposant de quelque frêne centenaire, chaque pause assis sur une branche morte envahie de lichen à écouter le murmure des ruisseaux et le bruissement des feuilles, sont autant d’instants de connexion avec l’Equilibre de Sylvanus.   Chaque jour, Ralf sent ses forces s’affirmer, ses sens s’aiguiser, sa conscience s’ouvrir.  Il est heureux et débordant d’énergie dans ces moyennes montagnes, havres paisibles de son enfance solitaire ; il franchit les torrents, court d’arbre en arbre et virevolte entre les rochers aussi à l’aise qu’un chamois.

Mais ses parents lui ont bien défendu de trop s’éloigner de la demeure familiale et de chasser de trop grosses bêtes : interdit de traquer la biche, le lynx ou le chamois (espèces pourtant courantes dans ces contreforts des chaînes de montagnes du Nord) pour une bonne et simple raison : on ne chasse que pour se nourrir et jamais pour le plaisir, pas même pour le sport.  Tifenn, sa mère, l’a autorisé à rapporter un lièvre (et un seul) qu’elle cuisinera exceptionnellement ce midi pour fêter le retour de son époux.  Eärdil est en effet parti depuis 4 jours vers la ville d’Azil avec une belle cargaison de bois de tamarin-des- torrents, cet arbre à l’essence rouge veinée d’argent qui fait la renommée de son clan auprès de tous les ébénistes et luthiers du pays.

C’est une matinée un peu fraîche et Ralf ressent parfaitement comme une fragrance nouvelle, l’air de la forêt est plus humide que depuis quelque temps, déjà quelques champignons sortent de terre ici et là, et les fruits de la ronce, du châtaignier et du coudrier sont mûrs à présent.  Les elfes se nourrissent rarement de viande, réservant ces festins pour les grandes occasions, mais cette fois l’occasion sera belle puisque la vente du bois devrait rapporter suffisamment à la famille pour se vêtir et pourvoir très dignement à ses besoins pour les prochains mois d’hiver.  Ralf l’ignore, mais son père est également allé en ville pour deux autres raisons : la première étant de récupérer chez le forgeron Sanduor deux épées courtes qu’il compte offrir à son fils pour son prochain jubilé « d’adieu à jeune pousse » (un rite de passage qui marque la fin de l’enfance).

Eärdil est très respecté en ville.  Il a rapporté suffisamment de richesses grâce au commerce du tamarin-des-torrents, et a obtenu son statut de citoyen depuis de nombreuses années.  Il siège donc à l’assemblée démocratique permanente.  Mais il est un peu soucieux depuis quelque temps, car un récent décret du Vergobret (le représentant et porte-parole du conseil des 7 marchands) a autorisé l’implantation d’une nouvelle ferme d’araignées à proximité immédiate des bois de Laurell, dont les habitants craignent, à terme que l’exploitation du tamarin-des-torrents s’en trouve quelque peu compliquée.  De plus, selon les elfes sylvains qui ont toujours habité ici (bien avant la colonisation des laelithiens et l’arrivée des arachniens), les fermes à araignées sont contraires à certains principes du culte qu’ils vouent en secret à Sylvanus.  Culte qui défend farouchement les équilibres naturels et exalte l’obligation à vivre en harmonie avec la Nature, et non dans un rapport de domination et d’exploitation de celle-ci.  C'est là que s'ourdit un point de tension secret, car Eärdil sait parfaitement que:

-       - le conseil des 7 marchands, d'une part, voit d’un très mauvais œil toutes formes de croyances, prônant leur vision antireligieuse de la société comme garante de la pérennité de tous les libre-échanges. Ils désapprouvent les cultes pratiqués par les elfes des bois de montagnes 

-    - le conseil des 7 marchands, d’autre part, gagne bien davantage d’argent avec l’élevage et la vente d’araignées géantes, ainsi qu'avec le fil de soie connu pour être la matrice des meilleures étoffes de tout le continent, qu’avec le bois précieux du tamarin des montagnes, dont les quantités en termes d'exportation sont malheureusement réduites et sans commune mesure avec les étoffes à base de soie d'araignées.

Pourtant, c’est malgré tout l’autre motif de son séjour en ville : drapé dans son honneur de haut elfe des bois, persuadé de fonder sa démarche sur des arguments de bon sens, qui se résument à demander le respect de ces colons venus après les elfes de Laurell, il est venu plaider le retrait de la nouvelle ferme à araignées à proximité de son village.  En clair, il v a y avoir du grabuge, d'une manière ou d'une autre.  D’autant que - ce qu’Eärdil ignore- les arachniens ont déjà implanté deux nids à quelques encablures à peine (un ou deux kilomètres, tout au plus) de sa demeure…  A l’ouest. 

Près d’une ravine que Ralf connaît mal.

Imaginons le jeune elfe : il vient de manquer sa cible de très près : le lièvre, par une chance extraordinaire alors qu’il l’avait en plein dans sa ligne de visée, s’est détourné avec l’apparition d’un rayon de soleil, a bondi, et s’est enfui vers l’ouest, alors que Ralf décochait sa flèche.  Le lièvre a disparu dans un fourré et la flèche l’a suivi en vain.  Et lorsque Ralf arrive précipitamment dans le buisson pour récupérer son projectile, quelle n’est pas sa stupeur de sentir le sol se dérober sous ses pieds !

Il fait une chute de plusieurs mètres, heureusement amortie par une boule de soie blanche qui, par chance, se trouvait là.  Il rebondit, l’arc et le carquois lui retombent sur la tête.  Une lumière pas loin : c’est une simple anfractuosité dans le flanc de la colline escarpée.

Il veut se relever mais soudain, il réalise que quelque chose le coince.  C’est son couteau de chasse qui est pris dans cette boule blanche !  Alors il tire un peu plus fort pour se dégager et… la boule de soie se déchire.  Ô stupeur : deux bébés-araignées géants en sortent.  L’un le bouscule de toutes ses pattes et lui passe par-dessus en un gloussement cliquetant et suintant.  L’autre se recroqueville dans la soie.  Voilà donc la scène : on est au fond d’une fissure naturelle, il y a un cocon éventré.  Un jeune elfe étourdi, au sol, agrippe sa dague, encore emberlificotée dans du fil de soie, de sa main gauche tremblante.  Face à lui une araignée géante qui vient de naître, encore toute recouverte de poils soyeux, étourdie (c’est elle qui a amorti la chute), pas plus grosse qu’un dogue mais toutefois assez effrayante et de taille à l’étourdir.  Ralf tâche de se lever, sans faire aucun mouvement brusque, espérant ne pas effrayer la bête, relativement effrayé lui-même.  Mais l’animal bondit alors sans crier gare, déploie ses pattes en s’appuyant contre le torse du jeune elfe, et tâche de le mordre avec ses jeunes mandibules brillantes. Par instinct de survie, Ralf brandit alors vaillamment son couteau et transperce la face du bébé araignée de plusieurs coups portés au désespoir avant que celui-ci ait le temps de recouvrer ses esprits.  Un liquide pestilentiel sort à gros flots de l’une des blessures infligées au monstre et vient lui asperger le visage.  Ralf ressent comme une brûlure, et rapidement une vive douleur le fait souffrir sur toute la moitié gauche de son visage.  Il hurle sous le coup de la souffrance soudaine.  Abasourdi, choqué, il trouve néanmoins la force de ramasser son arc et son carquois et de se précipiter en-dehors de la faille.  Juste à temps pour voir arriver maman-araignée, monstrueuse, beaucoup plus grosse cette fois (plus volumineuse encore qu’un yack), à ses trousses.  Il court de toutes ses forces, bien que celles-ci, sous l’effet de l’étourdissement causé par ses brûlures au visage, l’abandonnent petit à petit.  Toujours poursuivi, il se traîne tant bien que mal et aussi vite qu’il peut, vers l’est, toujours vers l’est, hurlant de douleur, poussé par la peur panique ; il reconnaît le vieux chêne alors que sa vue se brouille, il se fraie un passage à travers quelques tamarins-des-torrents disséminés ici et là, jusqu’à ce qu’il s’écroule à quelques dizaines de mètres à peine de sa maison.  Déjà il sent le souffle rauque et surnaturel de maman-araignée qui l’a enfin rattrapé mais, exténué, brûlé, il s’écroule inanimé.

Lorsque Ralf se réveille enfin, c’est une semaine plus tard, dans son hamac, sous les yeux souriants de ses parents. 

Dans son malheur, il a eu une chance infinie : son père était de retour quand il a entendu les hurlements de son fils, et Eärdil a eu le temps de décocher trois flèches mortelles à l’araignée géante.  Mais celle-ci avait eu le temps de mordre  Ralf entre les omoplates et de lui inoculer un poison qui, si Tifenn ne lui avait pas prodigué des soins immédiats à base de plantes médicinales et de chants rituels, auraient tué le jeune garçon.

La suite de l’histoire ?  Ingrat, le sort funeste tissera de ses fils invisibles un linceul de malheur sur cet enfant des bois ; et les conséquences de sa chute, à travers ce buisson qui dissimulait une simple faille dans le sol de la montagne, seront lourdes pour sa vie entière, fatales pour ses parents.

Première conséquence, Ralf sort défiguré de cet évènement, tout le côté gauche de son visage a été brûlé et il gardera toute sa vie la marque de cette acidité purulente, inspirant le dégoût (et donc souvent la peur) à quiconque le regarde en face.  Son oreille gauche est racornie comme une feuille flétrie à un soleil trop chaud, il n’a pas de sourcil ni de cils à l’œil gauche (celui-ci est mi-clos), son front et sa joue gauches présentent des cratères et des bubons, même sa narine gauche est flétrie, et la moitié gauche de sa bouche présente des boursouflures déformantes au niveau des lèvres.

Seconde conséquence, bien que sa mère, Tifenn Belle Voix, que tout le village connaissait pour ses dons de guérisseuse, ait pu empêcher la morsure venimeuse d’être mortelle, celle-ci n’en aura pas moins des conséquences imprévues et la croissance du petit Ralf en sera modifiée.  La taille de son tronc est plus courte que celle de ses semblables alors que ses bras et ses jambes ont poussé à peu près normalement.  Ralf est donc très petit pour un elfe de son espèce.  Il compense heureusement cette petite taille par une constitution plutôt robuste.

Troisième conséquence, et non des moindres : son père sera exécuté, près de deux lunes après le drame.  Le Vergobret, en habile politique, a promptement saisi l’occasion qui lui était donnée de se débarrasser d’Eärdil, citoyen gênant qui parlait pour la minorité elfique, et dont les positions publiques freinaient la politique d’expansion des élevages arachniens.  L’opportunité est trop belle, car la loi est formelle : quiconque tue (ou même se contente de blesser) une araignée géante commet un crime passible de mort.  C’est ainsi qu’à la fin de son enfance, Ralf, impuissant à rien tenter, se voit contraint de quitter son sol natal en compagnie de sa mère pour fuir cette contrée maudite.

Il la suivra durant vingt années supplémentaires, errant dans les forêts, d’abord vers le sud-est, puis après avoir passé l’Oqhar, en Agramor, déplaçant leur campement de proche en proche dans les contrées forestières et sauvages, passant des cols, vivant dans des combes, évitant la proximité des villes hostiles aux non-humains, survivant tant bien que mal à tous les aléas de cette existence nomade en des terres souvent inhospitalières, truffées de créatures maléfiques.  Et puis  la pérégrination continue, année après année,  ensuite vers le sud-ouest, toujours hors des sentiers battus, et les mène à traverser successivement la fédération des comtés de l’Egonzasthan, puis à franchir les hautes montagnes des territoires sylfes, avant d’arriver dans les Jardins de Jadhys par le désert de pierre du sud-est de la Province.  C’est sur cette terre maudite entre mille que Tifenn Belle Voix trouve la mort, dans une embuscade nocturne de gnolls maraudeurs à laquelle Ralf échappe par miracle, impuissant à rien pouvoir faire pour sauver sa mère adorée.  Vous me direz, bon, ok, ça, c’est l’histoire de Dark Vador…  Déjà vu mon vieux, déjà vu

Depuis lors, il a poursuivi sa pérégrination vers le sud-ouest, s’étant donné comme objectif, après toutes ces contrées traversées, de s’établir pour un temps à proximité des rivages de la mer Etincelante.  Et c’est dans un petit village côtier qu’il trouve son mentor en magie, un humain facétieux du nom de Biffe Pouquigue, qui lui enseigne les quelques rudiments de magie qu’il connaît.  Un sort qui s’intitule "grêle d’épines", notamment, en souvenir d’un buisson maritime de sa cabane de pêcheur.  Et puis l’appel de la chasse et de la forêt se fait à nouveau puissamment ressentir, et c’est ainsi que Ralf poursuit sa carrière de Rôdeur dans les montagnes situées à l’ouest de Laelith.

Conséquences de la biographie sur le personnage :

Alignement : neutre bon

Devise : « explorer, découvrir, protéger, transmettre »

Idéaux :

-          Nous ne sommes que des maillons, nous avons le devoir d’hériter de nos vénérables aînés qui formaient autrefois la chaîne d’Union, d'adapter et de transmettre à notre descendance les enseignements du passé

-          Garantir l’équilibre au sein de la nature – culte secret de Sylvanus ; toute activité consistant à exploiter sans contrepartie les ressources de la Nature est considérée comme sacrilège

La nature est belle et bonne, elle reflète l’équilibre de Sylvanus, sa beauté est incommensurable.  Quiconque la souille ou la piétine mérite d’être corrigé

-          Préserver la vie des plantes en général et des arbres en particulier

-          Protéger la fragilité

-        -          Les créatures du chaos dénaturent l’harmonie naturelle gratuitement, elles symbolisent la pourriture, la putréfaction, la corruption

-          Les êtres trop loyaux périssent souvent des excès de leur tempérament de rectitude, et perdent la vie au nom des principes même qu’ils sont censés défendre dans l’immortalité

-          Ne prélever de la Nature que le strict nécessaire pour se nourrir, se soigner ou se défendre, à condition de l’en remercier et de lui rendre dès que possible la pareille ou l’équivalent

-          Faire preuve de patience en toute chose

       -  Tâcher de se contenter de peu

-     Combattre toutes les formes d’injustice, particulièrement et plus farouchement encore quand celles-ci émanent d’une autorité censée garantir la loi et l’ordre

-          Combattre toutes les formes de barbarie, d’entités conquérantes aux dépens de la Nature, creuser des cachots pour les créatures d'inspiration démonique

Ennemi juré :

-          Araignées géantes et arachniens

Failles :

-          Terrorisé par des gnolls en meute (au moins 3 individus)

 

 

Commentaires